Quand on associe endométriose et alimentation, ce qui vient en tête généralement est l’alimentation anti-inflammatoire (AI).
Alors oui, souvent, ça marche. Adopter une alimentation anti-inflammatoire aide fréquemment à réduire les douleurs et autres symptômes.
En revanche, les inconvénients et contraintes sont très nombreux, c’est pour moi une solution « cache-misère » qui n’agit pas suffisamment sur le fond, et enfin ce n’est pas obligatoire et il est possible d’agir autrement.
Détaillons tout cela !
L’alimentation anti-inflammatoire, c’est quoi ?
« Anti ». La tournure est négative. Anti, c’est agir « contre ». L’alimentation anti-inflammatoire, c’est surtout des aliments à « éviter ». Les règles que l’on retrouve généralement sont :
- éviter le sucre et les aliments à IG élevé,
- éviter le gluten et les produits laitiers,
- éviter le café et l’alcool,
- éviter les produits industriels,
- éviter la viande rouge et charcuterie.
- éviter les aliments frits et certaines graisses,
- éviter les aliments cuits au delà d’une certaine température
- et parfois aussi éviter les FODMAPS et d’autres choses encore.
L’accent est beaucoup mis sur les légumes et fruits et une alimentation « saine », bio et sans excès.
Pourquoi ça peut poser problème ?
Il y a plusieurs raisons. Déjà, cette alimentation est très contraignante, sur de nombreux plans :
- social, pas facile de prévoir des sorties sans se prendre la tête,
- organisationnel, c’est une charge mentale importante,
- émotionnel, pas facile de faire tant de changements aussi drastiques et cela peut être source de frustration, de culpabilité, de stress, et peut aussi mener à de l’orthorexie (= quand l’alimentation saine devient une obsession et un trouble. Si tu as peur de conséquences négatives à l’idée de manger tout aliment qui sort de ton régime alimentaire habituel, si ton alimentation est une obsession qui impacte négativement ton quotidien, tu es peut-être concerné·e),
- financier, car même en réduisant la viande, ne manger que bio et sans gluten/laitages/sucre, c’est souvent cher,
- etc.
Le plan émotionnel est particulièrement important. En effet, si l’alimentation anti-inflammatoire est source de stress constant, c’est vraiment contre-productif car le stress est un gros facteur d’inflammation.
Puis bon, on en parle de la gourmandise et du plaisir ? C’est essentiel !
Une démarche pas réellement holistique
Comme je le disais plus haut, pour moi c’est une solution « cache-misère », qui agit sur les symptômes et pas sur les causes. Les aliments ne sont pour la plupart pas inflammatoires en eux-mêmes. En revanche, sur un terrain déjà inflammatoire, ils peuvent augmenter l’inflammation présente. Donc une démarche de fond, une démarche durable consiste à améliorer le terrain.
Améliorer le terrain dans l’endométriose, c’est une vraie démarche globale, avec un travail sur de nombreux axes :
- soutenir les capacités digestives et le microbiote intestinal,
- réduire l’inflammation chronique,
- soutenir les capacités du foie,
- réduire le stress, source d’inflammation,
- accompagner l’émotionnel et le bien-être,
- travailler à rétablir l’équilibre hormonal,
- moduler l’immunité,
- réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens,
- etc.
Mais alors, ne faut-il pas travailler aussi sur l’alimentation dans l’endométriose ? Si ! C’est très utile. Mais pas besoin d’être dans une démarche ultra-restrictive.
Endométriose, quelle alimentation ?
La bonne alimentation n’est pas une réponse universelle, n’est pas la même pour toustes. C’est une alimentation adaptée à chaque personne en terme de besoins, d’envie, de capacités digestives, de métabolisme, etc.
Les grandes clés sont cependant de trouver un équilibre qui permette à la fois de soutenir l’équilibre hormonal et couvrir les besoins nutritionnels, tout en évitant d’entretenir le terrain inflammatoire. Le mot clé ici est : équilibre.
Il s’agit de privilégier une alimentation qualitative sur le plan nutritionnel autant que faire ce peut, de se faire plaisir en variant les saveurs et les couleurs dans l’assiette, sans trop d’excès mais sans non plus tomber dans la suppression de groupes d’aliments entiers sans discrimination.
Par exemple, plutôt que supprimer le gluten, il est mieux de varier les sources de glucides selon tes capacités digestives personnelles, en privilégiant la qualité (exemple : pain au levain plutôt que baguette blanche). Varier permet de naturellement consommer moins de gluten sans pour autant se l’interdire, et c’est bon aussi pour entretenir son microbiote. Si tu introduis dans ton alimentation plein de sources différentes : riz, petit-épeautre, quinoa, sarrasin, blé, millet, fonio, patate douce, châtaignes, pommes de terre, riz sauvage, seigle, polenta… plutôt que tourner juste entre pâtes de blé, pain de blé, riz, semoule de blé, tu consommeras moins de gluten sans pour autant le supprimer, sans te priver ou te frustrer, bien au contraire puisque tu pourras découvrir plein de nouvelles saveurs !
Et c’est le même principe pour tout, qui permet au final de manger un peu de tout sans souci !
De plus si effectivement le gluten et la caséine (protéine du lait) sont de grosses protéines qui peuvent entretenir l’inflammation digestive, au contraire la viande rouge de qualité par exemple n’est absolument pas « inflammatoire », contrairement aux croyances courantes.
Il est toujours compliqué de synthétiser les choses quand on parle d’alimentation tant il y a de facteurs à prendre en compte et de nuances à ajouter. C’est pour cela que je ne partage jamais vraiment en détail ce qu’est une alimentation « idéale », car l’alimentation idéale de Camille sera très différente de celle de Pauline, ou encore de celle de Eden.
Ecouter son corps peut aider, mais ce n’est pas toujours simple donc être accompagné·e est souvent utile !
Si tu as de l’endométriose, as-tu trouvé l’alimentation qui te convient ?